Après un cercle d’accueil, permettant de se rencontrer et lancer la journée, Juan José Paniagua (et Rémi Thinard à la traduction) nous a décrit la place et le rôle des microorganismes bénéfiques en agriculture. Divers graphiques présentés sont principalement issus des essais réalisés par leur soin, grâce au laboratoire qu’ils ont progressivement équipé. Ces retours chiffrés ont été utiles à la connaissance de ces méthodes mais aussi et surtout pour faciliter sa transmission, et parfois en réponse à des présupposés négatifs, tels que « je multiplie des pathogènes par ces techniques ». D’après leur expérience et retours chiffrés, il n’en est rien, au contraire ! Le regard est porté sur le sol, son activité biologique permettant sa bonne structure. La nutrition de la plante est favorisée, limitant ainsi sa sensibilité aux maladies et améliorant les rendements.
Suite à ce moment intense et riche, nous nous sommes concentrés sur l’utilisation de la Lifofer dans la gestion des matières organiques. Isabella Tomasi a partagé les résultats très encourageants d’une expérimentation de compostage de broyat de déchets verts. Avec un traitement à 3L/M3 de matière, la modalité Lactofermenté de melon, à 6 mois montre un ISMO très favorable, en regard du Témoin. Plus de détails à venir, dans la synthèse de ce projet coordonné par Terre & Humanisme.
Nous avons rapidement abordé d’autres tests réalisés (Rézomes) sur ce thème et les questions qui se posent. Le procédé Bokashi, mis en parallèle du compost, incite à réviser le système de gestion des matières organiques. Moins de temps de stockage, une plus grande diversité de matières premières pour complexifier le substrat, l’ajout de farines de roches. Selon la méthode de préparation,le temps de travail peut être conséquent. C’est une méthode qui est gage de moins de perte en éléments nutritifs, d’un meilleur entretien du sol et d’une nutrition plus équilibrée dans le temps. L’adaptation du procédé, par un processus de fermentation semi-anaérobie, une structure de tas assez tassé, un bâchage avec un matériau adapté est une solution plus pratique et moins coûteuse en temps.
Autre message de Juan José Paniagua, à propos des farines de roches. A proximité de nos exploitations, il est possible de trouver différents types de caillou. Leur réduction en farine de roche permet d’étoffer le bol alimentaire du sol et des plantes par bon nombre d’éléments minéraux dont certains parfois trop peu disponibles (éléments traces type sélénium par exemple). C’est un complément facilement sourçable localement, à intégrer dans les diverses préparations ou pour amender.
L’après-midi, nous avons poursuivi la présentation du projet financé par la fondation Carasso. Les résultats, moins encourageants cette fois au niveau du rendement ou de la qualité générale, montrent tout de même une amélioration du système racinaire et des indices de résistance aux stress abiotique (froid et chaleur). L’agriculteur partenaire de ce projet nous a fait part de son intérêt pour ces techniques, et de la démarche mise en place pour mieux les connaître et les adapter à leur système de culture et itinéraires techniques.
Ensuite, Rémi Thinard nous a remotivé avec un tour d’horizon des dernières expérimentations qu’il anime, avec une approche plus complète. En plus d’intégrer la Lifofer dans les itinéraires techniques, il conseille aussi d’ajouter d’autres biofertilisants comme les Biols, fermentation d’éléments minéraux ou bien certains extraits de plantes fermentés, voir aussi de Bokashi.
Jean Rigaud nous a fait part de son expérience via AVSF, en Equateur, de remédiation des sols pour une exploitation maraîchère. Plusieurs programmes ont été appliqués, impliquant des doses conséquentes de microorganismes liquides et de matière organiques (mélanges dont Bokashi, Tierra negra, engrais vert). Pour finir cette journée que l’on aurait souhaité voir s’éterniser, nous avons discuté de Bokashi, des diverses méthodes et étapes de fabrication, de son stockage et de son emploi.
Auteur : Joseph Drevon, chargé de mission recherche actions