En Afrique de l’Ouest, 20 femmes entrepreneures s’engagent pour transformer localement des produits agroécologiques. Une action concrète, porteuse de sens et d’autonomie.
Au Burkina Faso comme au Togo, la demande en produits alimentaires transformés, naturels et de qualité est en pleine croissance. Les consommateurs urbains sont de plus en plus sensibles à la qualité de leur alimentation, aux effets du diabète ou du cholestérol, et aux dangers des résidus chimiques. 20 femmes transformatrices burkinabè et togolaises de nos réseaux partenaires l’ont bien compris et souhaitent répondre à cette demande croissante, notamment urbaine, en transformant et commercialisant des produits agroécologiques : manioc, arachide, graines de néré et de soja, tomate, curcuma, papaye, piment, amandes de karité, f 20 femmes entrepreneures locales se mobilisent pour proposer des alternatives saines, enracinées dans les savoirs agricoles et culinaires locaux.
🧺 Produire, transformer, nourrir les territoires
L’agroécologie ne s’arrête pas au champ. Il faut aller plus loin : transformer, conditionner, distribuer. C’est précisément le rôle de ces femmes engagées.
Elles transforment des produits bruts issus de fermes agroécologiques locales : manioc, arachide, graines de néré ou de soja, tomate, curcuma, papaye, piment, karité, fruits, viande…
L’étape de la transformation-commercialisation des produits agroécologiques n’est pas la plus aisée dans la chaîne de valeur : s’approvisionner selon les saisons et la disponibilité des matières premières, acquérir le matériel adapté, respecter les normes d’hygiène du processus de transformation, prospecter les potentiel.le.s client.e.s, conserver, satisfaire la demande tout au long de l’année… autant de challenges concentrés sur ce dernier maillon de la chaîne. L’enjeu est de taille, d’autant plus que c’est la commercialisation du produit fini qui permet de générer la valeur ajoutée et donc des revenus pour les acteurs de la filière en amont, notamment en créant des débouchés pour les fermes agroécologiques locales.
Cette étape est clé :
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Elle permet de valoriser les productions locales,
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De limiter les pertes liées à la saisonnalité,
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Et d’offrir de véritables débouchés aux producteurs et productrices.
Les femmes ont acquis de solides compétences pour transformer leurs produits agroécologiques, créé leur activité et ont besoin de moyens financiers pour développer leur activité. Au Burkina, elles doivent encore acquérir un local mais elles sont toutes aussi motivées et prêtes à relever le défi. La dernière étape à franchir est l’acquisition de matériel. Nous avons lancé il y a quelques semaines une campagne de financement participatif pour leur donner leurs les moyens de développer leur activité.
👩🏾🌾 Des parcours inspirants, des initiatives ancrées
🇧🇫 Burkina Faso – Mme BAPINA Eli Pulchérie
Formée en 2022 à la transformation de jus, sirops, confitures et gâteaux à base de produits locaux, Mme BAPINA s’est illustrée par son ingéniosité.
Avec des moyens modestes, elle a déjà expérimenté la cuisson de gâteaux dans un four traditionnel en banco et la transformation de fruits de saison.Elle souhaite aujourd’hui structurer son activité, en s’appuyant sur les acquis de sa formation et en mutualisant les outils avec d’autres femmes via une tontine, un système d’entraide communautaire.Elle est également active dans le tissage et la fabrication artisanale de dolo (bière de mil), et voit dans la transformation alimentaire une opportunité d’autonomisation durable.

Bapina, 4ème en partant de la gauche !
🇹🇬 Togo – Mme KUDITE Kafui Félicité, fondatrice de Grenier Vert d’Afrique
Istallée à Lomé, Mme KUDITE dirige une équipe dynamique qui transforme des fruits tropicaux en jus naturels (bissap, baobab, ananas, tamarin…) dans le respect des normes d’hygiène et de qualité.Ses produits sont certifiés ou en cours de certification par les labels SPG BioTogo et “Made in Togo”. Le processus de certification est long et couteux : cela demande beaucoup d’investissement en temps et en ressources : beaucoup de voyages et le cout d’une analyse en amont de la certification d’un produit à l’INH (Institut National d’Hygiène du Togo) est de 70 000 francs CFA pour chaque jus et de 54 000 francs CFA à l’ITRA (Institut Togolais de Recherche Agronomique) tout en sachant qu’il faut faire une démarche au ministère du commerce pour la mise en marché sans oublié le service de métrologie qui doit vérifier toutes les unités de mesures qu’on utilise (balance ,réfractomètre, thermomètre etc….Et ce sont des analyses à refaire chaque année, pour chaque produit.
Elle vend aujourd’hui dans des supermarchés, hôtels, marchés éco-responsables, et via des réseaux sociaux. Son entreprise compte 5 personnes : 2 ouvrier.e.s saisonnier.e.s et 3 salarié.e.s ( Mme la présidente, 1 chef de production, 1 responsable des marchés). Son objectif : renforcer sa capacité de production pour répondre à une demande croissante, tout en gardant un ancrage fort dans les circuits courts et les pratiques écologiques.
🇹🇬 Togo – Mme TIKPI Dahamatou, fondatrice d’Agro Espoir Afrique
Sur sa ferme située dans la région des Plateaux, Mme TIKPI transforme mangues, ananas, papayes, noix de cajou…L’entreprise a été créée en 2017. Au départ, la transformation se faisait en ville. Depuis 2023, elle s’effectue sur la ferme, ce qui permet d’éviter le transport des matières premières, notamment les fruits.Elle a investi dans un biodigesteur pour cuire et pasteuriser ses jus sans bois de chauffe, une démarche innovante et respectueuse de l’environnement.
Son produit phare : le jus d’anacarde, une spécialité très prisée mais saisonnière. Elle cherche à mieux valoriser cette ressource en transformant plus vite et dans de bonnes conditions.Mme TIKPI incarne une nouvelle génération de femmes rurales : autonomes, formées, innovantes et engagées dans une économie agricole durable.
🤝 Une dynamique collective portée par des réseaux locaux
Ces femmes ne sont pas seules. Elles sont accompagnées depuis plusieurs années par deux partenaires solides :
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Le RBIA (Réseau Burkinabè des Initiatives Agroécologiques) au Burkina Faso, soutenu par Terre & Humanisme depuis 2017.
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Le RéNAAT (Réseau National des Acteurs de l’Agroécologie au Togo), partenaire depuis 2020.
Les deux réseaux nationaux rassemblent à eux deux près de 150 acteurs de la promotion de l’agroécologie dans les 2 pays, que ce soient des individus ou des personnes morales. Ils s’appuient ainsi sur un maillage territorial précieux, une connaissance fine des réalités locales pour diffuser efficacement l’agroécologie tout en s’employant à renforcer leurs membres. C’est ainsi que les 20 femmes transformatrices, potentielles bénéficiaires du présent projet, ont été identifiées. Les réseaux partenaires seront en charge du suivi et de la bonne exécution des activités par les bénéficiaires.
Si vous souhaitez donner un coup de pouce à ces femmes autoentrepreneuses, RDV sur notre page de crowdfunding : https://www.helloasso.com/associations/terre-et-humanisme/collectes/l-agroecologie-au-feminin-pour-nourrir-les-territoires-2