Depuis 2019, l’UAVES (Union pour un Avenir Écologique et Solidaire), partenaire de Terre & Humanisme au Mali, mène le projet TAPAM (Transition vers l’Agroécologie Paysanne au Mali) : renforcement des acteurs locaux et du réseau des animateurs agroécologistes endogènes – avec le soutien financier de Misereor.

Après 3 années d’exécution, le projet touche à sa fin en avril 2022. C’est donc le moment de faire le bilan et d’évaluer les résultats obtenus.

Le projet s’est déroulé dans la zone de Gao (Nord Mali), et de Mopti (pays Dogon).

8 animateurs à Gao et 6 animateurs à Mopti (6 femmes et 8 hommes) ont reçu tout au long du projet de nombreuses formations en agroécologie (formation théorique et pratique en début de projet avec un suivi terrain par animateur à chaque trimestre durant 3 ans). L’objectif ? Pouvoir former à leur tour plus de mille paysan.nes (dont plus de 50% de femmes) membres de 29 organisations paysannes (OP) ; (20 OP dans la zone de Gao et 9 OP dans la zone de Mopti) aux techniques agroécologiques dans le domaine des grandes cultures (maïs, sorgho, mil, riz…), maraichage et petit élevage.

Malgré des conditions politiques instables (le Mali a connu 2 coups d’État au cours du projet ; les nouvelles élections n’ont pas encore été organisées), une situation sécuritaire qui ne s’améliore pas (attentats réguliers par les groupes djihadistes, banditisme en augmentation), et une crise sanitaire lié à la Covid 19, les équipes de l’UAVES ont réussi à mener le projet à son terme et les résultats sont encourageants.

Les 14 animateurs étaient tous non pratiquants en agroécologie au début du projet. En 2022, 50% des animateurs sont évalués « avancés »[1], et 50% sont évalués « plus avancés » en techniques agroécologiques en grandes cultures. Concernant le maraichage, 93% des animateurs sont évalués « avancés » et 3% « plus avancés » en techniques agroécologiques. En grandes cultures comme en maraichage, les compétences les mieux consolidées sont la lutte antiérosive et la fertilisation organique.

Les champs où les compétences sont encore à consolider restent l’agroforesterie, la préservation des variétés locales / production de semences, la santé des plantes / pratiques préventives et les associations de cultures.

En début de projet seuls 4 animateurs pratiquaient l’élevage. En 2022, tous sont capables de mener un petit élevage grâce à la dotation du projet (2 chèvres par animateur en charge du suivi d’une OP). Les 28 chèvres ont mis bas et le nombre de chèvres total est maintenant passé à 53 têtes.

Concernant les organisations paysannes, toutes ont bénéficié de formations théoriques et pratiques tout au long du projet, avec un suivi mensuel réalisé par les animateurs issus des mêmes villages, donc à proximité. Seules les 9 OP de Mopti ont pratiqué les grandes cultures, l’insécurité en zone de Gao ne le permettant pas (les grandes cultures servant de cache aux Djihadistes). De 2019 à 2022, les surfaces emblavées ont progressé, passant de 7,25Ha à 8,5 Ha cultivés, toutes OP confondues.

Concernant le maraichage, les 29 OP ont mis en pratique les techniques acquises, sur leur terrain propre et au sein de jardins collectifs. De 2019 à 2022, les surfaces emblavées ont progressé de 17Ha à 20Ha toutes OP confondues.

14 jardins collectifs suivis par les 14 animateurs ont été clôturés avec du grillage afin de protéger les cultures des animaux et dotés de petits équipements (pelle, poche, brouette, arrosoir). 5 jardins collectifs ont été équipés d’infrastructures hydrauliques (puits, forage, bassins, système d’irrigation), améliorant l’accès à l’eau, indispensable aux cultures.

En début de projet, l’ensemble des membres des OP étaient non pratiquants en agroécologie. En 2022, toutes compétences confondues (grandes cultures, maraichage, élevage), 7% des membres sont évalués « avancés » et 93% sont évalués « plus avancés ».

2 ateliers d’évaluation finale ont été organisés par l’UAVES à Mopti et Gao en mars 2022. Ils ont rassemblé les 14 animateurs et 2 membres par OP, en présence des équipes de l’UAVES et d’un modérateur extérieur afin de recueillir leurs témoignages / avis sur le déroulement du projet, ses forces et ses faiblesses, les besoins non satisfaits, les succès…

Les 14 animateurs et les 29 OP s’engagent à poursuivre sur le chemin de l’agroécologie, convaincus aujourd’hui des bienfaits de cette pratique. Des besoins en formation complémentaires et des suivis plus rapprochés ont été évoqués, ainsi que la nécessité de compléter les équipements hydrauliques pour les OP qui n’ont pas pu en bénéficier faute de budget disponible.

 

Même si les volumes produits sont en baisse (l’insécurité n’ayant pas permis à toutes les OP d’emblaver les surfaces souhaitées), tous les animateurs et les membres des OP témoignent du fait que le projet participe à la résilience alimentaire de leurs familles / communautés (accès à des légumes, cultures plus résilientes aux changements climatiques, pas de dépendance vis-à-vis des intrants chimiques et des semences…).

Enfin, la participation de l’UAVES à différents cadres de concertation et réseaux nationaux ou sous-régionaux, ainsi que la réalisation d’émissions radio en langue locale sur le thème de l’agroécologie ont permis de faire connaître le projet et de diffuser largement les bonnes pratiques.

La réflexion pour donner suite à ce projet est en cours, pour renforcer les acquis des animateurs et des OP bénéficiaires de ce projet, mais aussi pour l’étendre à d’autres villages et organisations paysannes dans les mêmes zones.

[1] Afin d’évaluer les progrès des animateurs et des membres des OP, par compétences en AE, 4 niveaux ont été définis : Non pratiquants en AE, débutant en AE, avancé en AE, plus avancé en AE

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