Virginie Toussaint, chargée de projets Mali, Togo, Bénin

 

Peux tu te présenter ?

Je m’appelle Virginie, je travaille à Terre & Humanisme depuis mai 2020 et je suis chargée du suivi de projets au Mali, au Bénin et au Togo, avec le pôle Solidarité Internationale.

En quoi cela consiste-t-il ? 

Dans chacun de ces pays, Terre & Humanisme a un partenaire, souvent des associations partenaires de longue date. Pour la plupart, ce sont des acteurs bien engagés dans l’agroécologie, ils ont des fermes, des lieux de production, mais aussi de formation. Terre & Humanisme les accompagne surtout sur la diffusion de l’agroécologie en les soutenant sur la formation d’animateur en agroécologie. Ils ont souvent des animateurs en interne, et l’association partenaire va former d’autres animateurs qui iront à leur tour former des organisations paysannes, des paysans, c’est un peu un effet boule de neige !

On les accompagne en appui financier, mais aussi technique. Il y a depuis quelques années, une vraie logique de projets de soutien qui repose aussi sur la rédaction de rapports, la mise en place de dispositifs de suivi-évaluation. On appuie aussi la structuration des associations puisque bien souvent elles reposent sur une seule personne, on réfléchit donc aussi à structurer des équipes autour de cette personne, pour que les associations et les projets se pérennisent et s’autonomisent. L’idée c’est qu’ils s’autonomisent au point de ne plus avoir besoin de notre accompagnement. On pourra alors aider d’autres partenaires, et ils pourront eux aussi accompagner d’autres acteurs pour la diffusion de l’agroécologie.

On fait aussi beaucoup de mise en réseau entre les partenaires des différents pays que l’on accompagne, pour développer les échanges, sur la capitalisation par exemple. C’est très enrichissant pour chacun des partenaires.

As-tu toujours travaillé dans la solidarité internationale ? 

J’ai fait des études en génie de l’environnement, puis une formation en aménagement des territoires. Directement après mes études, j’ai cherché à partir à l’étranger. Je suis partie trois ans au Burkina Faso, avec une association appelée aujourd’hui France Volontaires. Je travaillais sur des programmes de développement local dans les milieux ruraux. Je suis ensuite partie 7 ans à Madagascar, avec l’association de Soeur Emmanuelle, qui vient en appui à des associations locales qui travaillent pour la santé et l’enfance. J’accompagnais les associations locales dans la définition des projets qui pouvaient être accompagnés par Asmaé. Deux ans plus tard, j’ai été recrutée sur place par une association qui s’appelle Inter-aide, qui a un gros programme d’accompagnement familial dans les zones de bidonvilles dans la capitale de Madagascar. Je travaillais sur les aspects techniques mais aussi la structuration de l’association, de la méthodologie de suivi de projets à la recherche de fond, c’était super!

Je suis rentrée en France en 2014, j’ai travaillé dans une coopérative d’entrepreneurs, pour ensuite arriver à Terre & Humanisme cette année.

 Comment as-tu découvert Terre & Humanisme ? 

Au départ, j’ai un cousin qui a fait un tour du monde des initiatives autour du développement durable avec des amis il y a plusieurs années, qui avait demandé à Pierre Rabbi de le parrainer, et il avait écrit à Terre & Humanisme en pensant que l’association était très proche de Pierre Rabhi. J’ai ensuite vu Pierre deux fois en conférence dans les années 90, j’ai lu plusieurs de ses livres, et je venais en vacances en Ardèche depuis une dizaine d’années et il me semble être venue sur le site du Mas de Beaulieu pour une distribution de paniers de l’AMAP. Mais je n’avais pas visité les jardins et je ne connaissais pas le fonctionnement de l’association. Je suis en Ardèche depuis septembre 2019, avec le projet de m’y installer, j’étais donc en recherche d’emploi, et je me suis inscrite à une formation animée par Amesud sur la gestion de projet dans l’économie sociale et solidaire. Pendant la formation, j’ai rencontré Mariette, qui intervient ici à T&H pour des ateliers de Communication Non Violente, avec son association s’appelle Le Monde Allant Vers. On était assises l’une à côté de l’autre et j’avais un stylo de ma propre association l’Envers du Monde, et la ressemblance entre les noms de nos associations a enclenché une discussion. C’est elle qui m’a dit que Terre & Humanisme cherchait quelqu’un au pôle Solidarité Internationale et que mon profil pouvait les intéresser !

J’ai donc appelé l’accueil, j’ai eu Carinette, c’était un mardi, et elle m’a dit « Si vous pouvez envoyer votre CV dans les dix prochaines minutes, on à une réunion hebdomadaire qui va commencer, je pourrais en parler à l’équipe directement ! ». Peu de temps après, la coordinatrice du pôle, Emmanuelle, m’a appelée en me proposant un entretien, et j’ai été prise juste avant le début du premier confinement !

Est ce que tu peux nous en dire plus sur ton association L’envers du Monde

Quand j’étais à Madagascar,  je travaillais sur un programme d’accompagnement familial. Entre les différents projets, on suivait environ 1000 familles par an. Il y avait des familles dans de telles situations de vulnérabilité, que leur proposer un crédit était impossible. Ce genre de choses peut engendrer des conflits familiaux ou autres, et en plus il n’y a pas de savoir-faire artisanal. Comme notre programme était non caritatif, si des familles n’ont rien à manger, c’est vraiment compliqué d’arriver et de leur dire que la première étape pour accéder à des micro-crédits c’est de faire une carte d’identité. On ne veut pas faire à leur place mais seulement les accompagner, et c’est délicat de faire comprendre qu’il faut des sous, pour faire une photo d’identité… Quand les gens n’ont rien à manger, c’est compliqué de parler de scolarisation, de planning familial etc.

A un moment, je suis partie au nord de Madagascar et j’ai nagé avec des sardines, j’en ai pris en photo. Dans le cadre de l’accompagnement on faisait des ateliers avec des enfants, on a invité une amie artiste qui nous a formé au papier mâché. J’adore bricoler, alors j’ai pris mes photos de sardines, et j’ai commencé à en faire en papier mâché. Je suis rentrée en France assez rapidement pour des raisons personnelles, et j’ai vendu les sardines que j’avais ramenées à des potes. En discutant avec les collègues, on s’est dit qu’on avait qu’à lancer une activité pour permettre aux femmes de travailler à domicile, sans leur mettre de contraintes, leur proposer une formation de deux heures au papier mâché, puis leur proposer d’en faire de chez elles, juste avec des éléments de récup, du carton, du papier, de la colle… Ce n’est pas de la charité puisqu’elles doivent travailler, par contre elles n’ont pas d’objectifs non plus. Elles peuvent en faire quand elles peuvent et quand elles veulent, sans contraintes, ça leur permet d’avoir un petit revenu qui permet d’amorcer des changements dans la vie familiale. Donc ça a démarré comme ça, de façon complètement informelle puis on a créé une association en mars 2009. Je suis partie en juin de la même année et on a passé le relai à une collègue malgache. Je suis partie au Burkina Faso mais on a recréé ce projet de sardines en papier mâché, au Burkina, et L’Envers du Monde continue d’appuyer ces deux structures.
En 10 ans à Madagascar on a dû accompagner 500 femmes. L’idée n’est pas qu’elles fassent des sardines toute leur vie, mais plutôt de s’en servir comme tremplin. Elles en fabriquent pendant 1 an ou 2, elles s’inscrivent à la mutuelle de santé, elles ouvrent un compte épargne… Ça a toujours été un effet boule de neige, on a déjà vendu ces créations en Suisse, aux USA. L’Envers du Monde aide ces structures à vendre leurs productions, comme ici, grâce à la boutique solidaire de T&H !

Qu’est-ce qui te plaît particulièrement à T&H ?

L’expérience de la gouvernance partagée est extrêmement enrichissante. C’est une grosse découverte pour moi, même si j’ai toujours plutôt travaillé dans des structures bienveillantes, le fait de discuter ensemble, de débattre etc… c’est très riche ! C’est un cadre qui est top, les projets font sens pour moi, dans un cadre convivial. C’est comme ça que je souhaitais travailler !

Ton moment pépite ?

Ça ne fait que 6 mois que je travaille ici, ce qui me plait vraiment c’est d’aller sur le terrain…  A cause de la situation sanitaire, je suis un peu frustrée de ne pas avoir pu encore y aller. C’est vraiment différent de travailler par relations téléphoniques à distance. J’aimerais vraiment rencontrer nos partenaires en face à face. C’est donc un futur moment pépite, qui arrivera bientôt je l’espère !

Si tu étais une plante… ?

Je serais un baobab de Madagascar. Il n’existe que 7 variétés de baobab dont 6 qui ne poussent qu’à Madagascar. J’en ai vu dans l’ouest de l’île, c’est super impressionnant, c’est immense ! Une allée de baobabs illuminée par des lumières différentes, c’est incroyable !

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